La Fédé, un credo laïque

Fondamentalement, la laïcité est une liberté. Celle de croire ou de ne pas croire. Celle de choisir sa religion ou de choisir de ne pas en avoir. À la Fédé nous croyons en la laïcité. Dur comme fer ! D’ailleurs, quand l’équipe éditoriale de nos articles mensuels s’est réunie la première fois en concile pour établir la liste des 11 commandements qui, depuis 50 ans, fondent l’action de la Fédé, le thème de la laïcité a tout de suite été proposé et a instantanément fait l’unanimité. Cette immédiateté dans l’évidence n’ayant pas été toujours de mise pour les 10 autres commandements, il s’agissait forcément d’un signe…

Du reste, l’article 3 de nos saintes écritures statutaires ne stipule-t-il pas : L’association Fédération d’Animation Rurale en Pays de Vilaine est respectueuse des convictions personnelles de chacun et s’interdit toute attache avec un parti politique ou une confession ? Plus loin, toujours dans l’article 3, il est même précisé : Par la pratique volontaire du partage d’idées, de la confrontation, sans esprit partisan, l’association est conçue comme un lieu de réflexion et de formation, comme un espace de liberté au fonctionnement démocratique. Elle se veut un lieu privilégié :

  • permettant l’émergence de lien social et l’apprentissage de la citoyenneté,
  • garantissant la liberté de conscience,
  • respectant le principe de non-discrimination, d’égal accès des  hommes et des femmes ainsi que de celui des jeunes aux instances dirigeantes.

Là, la partie qu’il faut retenir c’est : « garantissant la liberté de conscience ». La liberté de conscience étant le droit accordé à une personne d’avoir les valeurs, les principes, les opinions, les religions et les croyances qu’elle veut, cet article 3 est la preuve formelle et définitive qu’à la Fédé, la laïcité est un précepte… cardinal.

Aussi, quand notre groupe d’administrateurs et de salariés s’est de nouveau réuni pour définir précisément le contenu du présent article, avons-nous entamé nos échanges en pleine confiance, persuadés que notre messe éditoriale serait rapidement dite. Malheureusement, nous nous sommes vite rendu compte que nous avions comme un hic dans le laïque. Les premiers signes d’inquiétude se sont manifestés quand il s’est agi de faire l’inventaire des actions emblématiques qui ont incarné la thématique en question tout au long de nos 50 premières années ; la pêche fut loin d’être miraculeuse.

Laïcité ne rime pas avec facilité….

Bien sûr, nous avons pointé que dans les années 60, quand les foyers des jeunes et d’animations se sont constitués sur le pays, c’était souvent pour proposer une alternative aux seules activités des patronages paroissiaux. Nous avons pu nous rappeler que cette concurrence, faite par la jeunesse d’après-guerre au quasi-monopole du clergé local sur les activités sportives et culturelles d’alors, a parfois engendré des tensions, et que les jeunes des foyers, puis les membres de la Fédé, ont pu être considérés çà et là comme de dangereux mécréants. Mais bon ! Tout ça n’est qu’histoire ancienne ! Ces tensions appartiennent à un autre temps – même si quelques-uns continuent de ne pas tenir la Fédé en odeur de sainteté. Et les nombreuses associations de patronage qui existent toujours aujourd’hui se sont laïcisées depuis belle lurette.

À mettre au crédit de notre identité laïque, nous nous sommes également souvenus de notre implication auprès de la Ligue de l’Enseignement et de la FAL 35 dans l’organisation des actions de commémoration du centenaire de la loi 1905 (voir article ci-dessous). Aussi des débats citoyens que nous avions mis en place en réaction aux attentats de Charlie Hebdo et de l’Hypercacher en janvier 2015. Mais ces actions aussi nobles et essentielles soient elles, ne peuvent justifier à elles seules de notre engagement en faveur de la laïcité…

« Alors quoi ? On se serait gouré de constante, c’est ça ? »

Au sein du groupe chacun est gagné par le doute. L’inquiétude s’est muée en angoisse. La jolie balade revigorante que nous avions prévue de faire dans les riantes contrées de la laïcité tourne irrémédiablement au chemin de croix. Et soudain, le coup de grâce ! La question a fusé. La fameuse question qui tue et qui sonne le glas de toute tentative de discussion civile et nuancée :

« Mais au fait, qu’est-ce qu’on entend au juste par laïcité ? »

Cette interrogation, d’apparence si anodine, vient de tous nous propulser dans une auberge d’où nous ne sommes pas près de sortir !

Les débats sur la laïcité sont hautement inflammables. Partout, à la télé, à la radio, dans les journaux, sur les réseaux sociaux, le sujet embrase immanquablement les esprits. Il divise. Surtout ceux qui semblent dire la même chose, mais qui visiblement ne sont pas d’accord. Nous ne faisons pas exception. Chacun y va de ses convictions, de ses représentations, de son histoire et de sa sensibilité. On s’écoute assez peu. On se comprend encore moins. Le ton monte. On court droit vers une saint Barthélémy de la laïcité. Mais grâce au ciel, quelqu’un s’écrie alors :

« Le Calendrier de l’Avent ! »

Les discussions stoppent net. Un ange passe.

« Mais, oui ! Le Calendrier de l’Avent, la Station des 5000 ! Les voilà, nos actions laïques emblématiques ! »

À ce moment-là, transperçant les ténèbres de la pensée dans lesquelles nous nous sommes enfoncés inexorablement, la lumière de l’intelligence jaillit, mettant un terme à tout risque de rixe. Nous sommes sauvés ! Alléluia !

La laïcité existe, nous l’avons rencontrée.

Bon, la Station des 5000 (centimètres), vous connaissez forcément ! Mais si ! C’est la station de ski la plus basse et la plus décalée d’Europe. Elle ouvre ses pistes en plein centre-ville de Redon tous les mois de décembre – enfin quand il n’y a pas de Covid – et propose tout un tas d’activités bien marrantes pour les enfants et pour les grands qui leur servent de parents. Ça y est ? Vous visualisez ? Bon ! Eh ! bien, ce sont les salariés de Lever le Rideau qui conçoivent, fabriquent et animent cette magnifique scénographie urbaine. Eh, oui ! Avant, ils faisaient le Calendrier de l’Avent. Ça, vous en avez entendu parler, c’est obligé ! Mais enfin, vous débarquez ou quoi ? C’était un spectacle-feuilleton, dont les épisodes étaient programmés tout le long du mois. Comme un calendrier de l’Avent normal, sauf que là, les friandises, c’étaient des épisodes du spectacle. 15 ans ça a duré. Les familles redonnaises en parlent encore !

Et là, vous vous demandez quel rapport ça a avec la laïcité, n’est-ce pas ? Eh ! bien, le rapport, c’est l’esprit de Noël, pardi ! Les valeurs universelles de partage, de générosité, de solidarité. Pour la magie aussi. Simplement pour le bonheur d’être ensemble. Tous ensemble. Quelles que soient nos religions. Que nous croyons ou non en Dieu, au Père Noël ou au retour du plein emploi.

Parce que pour nous, à la Fédé, la laïcité n’est pas une opinion, mais le cadre qui permet de toutes les exprimer. Et si la laïcité constitue une constante aussi évidente de notre action, c’est peut-être justement parce que cette liberté est mère de toutes les autres : liberté d’opinion et liberté d’expression – et que c’est la jouissance de toutes ces libertés qui fait de nous des citoyens à part entière. Amen.

Dans nos archives

Les Infos 20/04/05
En 2005, La Fédé participe à un collectif constitué autour de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.

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